JANG TAE-WON : ENTRE LUMIÈRE ET OBSCURITÉ

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Fin octobre, les éditions Hatje Cantz publieront Stained Ground, un livre de photographies de Jang Tae-won.

Jang Tae-won est un jeune photographe sud-coréen que j’ai découvert tout récemment et dont j’apprécie le travail. Né à Séoul en 1976, il a suivi des études supérieures de photographie à l’université Chung-Ang avant de s’installer à New York et d’obtenir un master en Beaux-arts à l’université Columbia.

L’artiste relate ses débuts à New York, dans un entretien qu’il a accordé en 2009 au photographe Lorenzo Dominguez. Venu aux États-Unis dans le but d’apprendre l’anglais, incapable de s’exprimer dans cette langue, il reste enfermé chez lui à regarder des séries télévisées et à développer un passion frénétique pour le ménage. En découvrant la part féminine qui est en lui, il cherche à retranscrire ses pensées dans une série d’autoportrait intitulée « Gangster », dans laquelle il incarne un voyou tatoué et bardé de couteaux, chaussé de stilettos rouges ou dont les ongles sont peints.

Gangster
Gangster ©Jang Taewon

Grâce à cette série, créée essentiellement pour contrer l’ennui et s’exercer, il réalise qu’il veut poursuivre la photographie et fait le pied de grue devant le bureau d’un professeur de l’université de New York jusqu’à ce que celui-ci accepte de voir son book et l’intègre dans son cours. Mais c’est à Columbia qu’il trouve la motivation nécessaire pour continuer et « Gangster » devient son projet de fin d’études, projet aussitôt repéré par une galeriste new-yorkaise.

En 2009, il s’associe à la galerie Gana Art pour développer Collusion, une exposition qui met en scène bâtiments et structures à l’abandon, comme cette ville fantôme de Philadelphie désertée après la construction dans ses environs d’une centrale nucléaire. Il montre un véritable talent dans l’accentuation des contrastes (homme-nature, laideur-beauté), dans une parfait maîtrise des lumières et de l’obscurité.

Collusion 23
Collusion 23 © Jang Taewon et Gana Art Gallery

En 2010, il expose à la galerie Doosan de Séoul, qui accueille de nombreux artistes en résidence. Il continue d’y explorer son moi profond et présente un travail de reconstruction lié à la mémoire de ses origines.

Le séisme de 2011 de la côte pacifique du Tôhoku et le tsunami qui s’ensuivit bouleverse profondément l’artiste, dont nombre d’amis photographes sont Japonais. Il décide de se rendre sur place et rapporte des images sombres et intenses de la catastrophe, la plupart prises au clair de lune, ce qui leur confère une troublante beauté. Publiées dans Black Midday, l’ouvrage tente d’examiner « les situations psychologiques tirées de la réalité et la fiction, la mémoire et l’oubli, l’absence et la présence ».

Black Midday
Black Midday © jang Taewon et Iann éditions

Dans Stained Ground, Jang Tae-won semble aboutir à une synthèse de son œuvre : il repart sur les lieux d’usines abandonnées, de réacteurs nucléaires ou encore de raffineries de pétrole dont les formes, écrasantes, rendent ces installations irréelles, voire menaçantes au clair de lune ou dans le rouge du crépuscule et qui sont pourtant autant de témoignages des traces de l’homme dans son effort incessant pour survivre à l’ère moderne.

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