L’île de Namiseom : ce que j’en pense

L’année dernière, à mon retour de Nami (Namiseom en coréen, Nami island en anglais), j’avais promis de vous faire un petit article vérité sur cette île artificielle du district de Gapyeong, à deux heures de route de Séoul.

L’île de Nami vaut-elle le détour ? Je suis sûre que parmi vous, il y en a qui pensent : « Oui, cet endroit est génial ! Il faut absolument y aller ! C’est magnifique ! ». Vous avez le droit, bien sûr, après tout, les goûts et les couleurs… En ce qui me concerne, mon avis est plus mesuré. J’ai sûrement moins détesté Nami que Songdo, à Busan, mais ces endroits touristiques sans âme sont loin d’être ma tasse de thé. Heureusement, tout n’est pas noir non plus sur l’île de Nami !

Namiseon, tout d’abord, c’est quoi ?

Cette petite île en forme de demi-lune est située à trente minutes de Chuncheon, la capitale de la province de Gangwon-do. Son nom proviendrait de la présence sur l’île de la tombe du Général Nami, un militaire de la dynastie Joseon.

île de Namiseom vue depuis le ferry

En 1943, le gouvernement coréen entérine la création du barrage hydro-électrique de Cheongpyeong, sur la rivière Bukhangang. Ce qui donne naissance à un lac artificiel sur lequel l’île de Nami semble flotter, comme une feuille flotterait sur l’eau.

Nami est réputée pour ses arbres : pins coréens, ginkgos, noyers de Chine, acacias, érables, métaséquoias. Ils forment de beaux alignements sous lesquels il est vraiment très agréable de se promener. Vu comme ça, c’est effectivement un petit paradis terrestre.

Pourquoi est-ce qu’on en fait tout un plat ?

En 1965, l’île est rachetée par un promoteur touristique, Kyeongchun Tourism Development, Inc., devenue depuis Nami Island, Inc. La société veut en faire un lieu d’art et de culture. Elle s’entoure de partenaires très respectueux dans le champ de l’éducation, comme YMCA ou l’Unicef, et elle met en route toute une série de programmes éducatifs autour de l’environnement. Cool.

Elle installe sur l’île des dizaines d’espaces culturels : des musées, des galeries, une bibliothèque pour enfants. D’ailleurs, la littérature pour la jeunesse tient une grande place à Nami : il y a un centre Andersen dédié aux albums pour enfants, et même un prix annuel qui récompense les illustrateurs jeunesse du monde entier.

Mais en 2001, c’est le drame (c’est le cas de le dire). KBS décide d’y tourner Winter Sonata, une série télévisée dramatique. Au début, rien d’extraordinaire. Puis la série est diffusée au Japon, où elle devient un phénomène de société. Les Japonais sont tellement accros qu’ils se précipitent sur les lieux du tournage. Selon Wikipédia, « on estime à 500 000 le nombre de touristes venant visiter la Corée à la suite du drama »…

Le côté positif de la chose est bien entendu l’amélioration des relations nippo-coréennes à l’époque (on s’en réjouit, même si c’est de l’histoire ancienne maintenant).

Le côté négatif, c’est qu’au fil des années, l’île de Nami passe d’un site naturel protégé à un immense parc où la nature sert de décor à des attractions touristiques sans grand intérêt.

L’endroit est pour moi le summum de tout ce que je déteste en Corée : l’inauthentique, l’ultra-touristique. S’il y a bien une chose que je n’ai jamais compris, et que je ne comprendrai jamais, c’est comment on peut dénaturer un site naturel et s’extasier devant un tel outrage ?

Mais entrons dans le détail, en allant nous promener sur l’île.

Le quai de Gapyeong : le début du voyage

Namiseom étant une petite île, il faut la rejoindre par bateau. C’est un ferry qui se charge de faire la navette toutes les 10-20 minutes aux heures de pointe, et le trajet ne prend que 5 minutes tout au plus. Le prix sans réduction est de 13 000 wons (env. 9,75€) l’aller-retour.

On peut aussi rejoindre Namiseom en tyrolienne, toujours au départ du quai de Gapyeong. On est sur l’île en moins d’une minute, et on peut l’admirer du ciel, ce qui est une option sympathique. Le prix l’est un peu moins, comptez 44 000 wons (32€ env.). Mais le retour en ferry est inclus.

L’une des attractions touristiques, c’est évidemment le passage en douane. Et oui, l’île de Nami s’est auto-décrétée République de Naminara. Une république totalement imaginaire, bien sûr, mais ça ajoute au folklore. Et pour ceux qui habitent la Corée ou ont prévu d’y habiter, je signale qu’il est possible de demander un passeport ! Il vous donnera un droit d’entrée « permanent » au pays des contes de fées (45 000 wons – 33€ – pour 1 an).

Que trouve-t-on sur l’île de Nami ?

On trouve beaucoup de choses sur Nami, et comme il y a de nombreux chemins forestiers, il faut parfois faire des choix : en empruntant une allée, on renonce forcément à une autre. Le mieux est de réfléchir en amont à son programme de visite (je vous mets le plan en fin d’article).

Bon, évidemment, ce n’est pas ce que j’ai fait. En arrivant, j’avais le choix entre suivre le chemin central principal, ou aller sur l’un des chemins de droite, là où il y avait moins de monde. Mon choix était vite fait !

Voici ce que j’ai vu, dans l’ordre de ma visite :

Le chemin aux érables (Mapple lane)

Il va sans dire qu’à l’automne, la nature est magnifique. En Corée du Sud, on appelle danpung les magnifiques feuillages d’automne. Les érables sont d’un rouge flamboyant.

Le chemin longe le jardin aux érables, appelé Baekpungmilwon. Cela ressemble plus à une grande étendue où ont été plantés des arbres. Les couleurs sont belles, mais l’ensemble manque un peu de charme.

J’ai donc quitté rapidement ce chemin, pour emprunter celui encore plus à ma droite.

Le parcours de marche au bord de la rivière (Walking side river course)

J’ai beaucoup aimé ce parcours, beaucoup plus scénique. J’ai moins aimé la vue sur les installations aquatiques de l’autre côté de la rivière, mais elles n’étaient pas utilisées à cette période de l’année.

Un peu plus loin, on entre dans une zone « aventure » (Forest Adventure Treego), avec des activités payantes : parcours dans les arbres, trampolines, balançoires, etc.

On passe ensuite par le chemin des platycarya de Chine. Ce sont des arbres à feuilles caduques, dont les feuilles tombent à l’automne. J’avoue, je suis bien en peine de retrouver une photo de l’endroit, n’ayant pas reconnu cet arbre… Par contre, j’ai vu une belle rangée de bouleaux blancs.

L’allée des métaséquoias

À mi-chemin, j’ai bifurqué sur la gauche pour entrer dans l’allée des métaséquoias. Là, je dois avouer que j’ai pris une grande claque visuelle. Cet endroit était tellement majestueux que j’avais les yeux écarquillés comme ceux d’un enfant devant une fontaine au chocolat ! J’ai déjà vu des métaséquoias dans ma vie, mais jamais autant, jamais aussi bien alignés. Je n’ai pas les mots pour dire à quel point c’était beau. Si je ne devais retenir qu’une chose de Nami, c’est bien cette magnifique mini forêt d’arbres orangés (en automne seulement, car ils sont verts le reste de l’année).

C’est dans cette zone qu’on trouve la statue des deux héros du drama Winter Sonata (que je n’ai pas prise en photo), et d’autres statues aussi, d’artistes coréens.

L’allée des ginkgos

Au bout de l’allée, j’ai tourné à droite, pour voir l’un des endroits les plus instagrammables de l’île de Namiseom : l’allée des ginkgos. Malheureusement, comme j’y suis allée un 12 novembre, toutes les feuilles étaient déjà tombées ! Pis, les feuilles et les fruits sont ramassés très régulièrement, car le fruit de cet arbre est particulièrement malodorant. J’étais déçue, cela aurait pu faire l’objet d’une jolie photo, tous ces arbres nus, avec à leurs pieds, un tapis de feuilles jaunes…

Le sentier des rangées de bungalows (Bungalow row riverside path)

Puis j’ai rejoint à nouveau la rive, en longeant le sentier des bungalows.

Il est tout à fait possible de passer la nuit sur Namiseom. Il suffit de réserver auprès de l’hôtel Jeonggwanru. On peut loger dans le bâtiment principal, un hôtel boutique. Mais on peut aussi louer un bungalow au bord de l’eau.

Dans l’hôtel, on trouve aussi un joli pavillon coréen (Namijangdae) qui sert pour des banquets, un étang où admirer la lune la nuit venue (je dis ça, mais je n’en sais rien en fait), et aussi, l’été, une aire de jeux aquatiques…

Dormir sur l’île de Namiseom : Hôtel Jeonggwanru
Exemple de prix : un petit chalet de 40m² pour 6 personnes coûte 220 000 wons (env. 160€).

La plateforme Changgyeongdae

Le côté sud de l’île est destiné aux amoureux. Non pas que les personnes seules en soient exclues, mais il y a un petit côté romantique : on y accède par « l’allée des ginkgos des amoureux de la rivière », on trouve non loin de là une « forêt de l’amour », et, point d’orgue, on peut s’asseoir en couple sur un petit banc idéalement situé devant un magnifique panorama…

L’allée des ginkgos des amoureux de la rivière. Là, il restait encore quelques feuilles accrochées aux arbres 🙂

La rive Est

Passée à l’Est, j’ai continué à longer le sentier côtier, en empruntant un pont de bois qui passe au-dessus des eaux. Il n’y avait pas grand-monde, alors que la vue depuis cette partie de l’île est particulièrement jolie, très sereine.

Le centre de l’ile, la partie la plus touristique

Le centre de l’île est clairement la partie la plus touristique. Je m’étonnais de ne voir presque personne sur les chemins de balade, mais j’ai compris pourquoi en arrivant. Tout le monde se pressait devant les attractions touristiques : un petit train, des marionnettes et des sculptures en papier mâché, des cafés, des restaurants, des boutiques…

Ce n’est pas que c’était franchement laid. C’était juste très bruyant et très peu authentique. Je n’ai pas particulièrement aimé cet endroit, et je n’ai pas pris beaucoup de photos.

Le tumulus mystère

À un moment dans le parcours, on passe devant un gros tumulus. Dans mon esprit, tumulus = tombe. J’ai donc pensé que c’était la tombe du général Nami, et je me suis approchée. Mais non, il n’en était rien.

C’était juste un passage, avec deux entrées cerclées de pierres. Encore aujourd’hui, je cherche ce que c’est…

L’allée des pins coréens

Pour repartir, j’ai emprunté la longue allée dite des « pins coréens ». En fait, ce n’est pas le seul endroit de l’île où on peut voir des pins. Mais dans cette allée, les arbres sont décorés de ballons blancs. C’est un spot photo que l’on voit souvent sur Instagram.

Exposition en plein air

Je ne suis pas entrée dans la bibliothèque pour la jeunesse (il m’a semblé qu’elle n’était pas ouverte), mais en revanche, je me suis promenée dans l’exposition en plein air qui présentait le prix international des illustrateurs jeunesse. Plus que ravie de voir que la France était représentée avec « Cache-cache ville », le très chouette album d’Agathe Demois et Vincent Godeau.

Exposition sur les illustrateurs jeunesse à Nami island

C’était la seule chose vraiment intéressante d’un point de vue culturel, et pourtant j’étais toute seule dans l’exposition. Parfois, j’ai l’impression d’être une extra-terrestre en Corée du Sud. Ça doit être l’âge…

La tombe du Général Nami

Impossible de quitter l’île sans aller saluer le général qui lui a donné son nom. D’autant que le tombeau (le bon, cette fois-ci) se situe sur le chemin de l’embarcadère. Pourtant, là encore, personne…

Tombe du général Nami

En conclusion, Nami ou pas Nami ?

Pour moi, amoureuse des grands espaces naturels et des jardins, Nami ne vaut pas le détour. Les photos que j’ai prises sont finalement assez belles, mais il ne faut pas oublier qu’il y a foule, les gens passent leur temps à faire des selfies et c’est très bruyant parfois. Si vous aimez l’authentique, et que votre temps est compté, ne le perdez surtout pas.

Si vous voulez juste profiter des attractions de type « parc à thème », libre à vous. Mais venir en Corée pour ça, franchement, j’ai un peu de mal à le comprendre.

Par contre, si vous habitez la Corée pendant quelques semaines ou plusieurs mois, ce sera difficile d’y échapper (un peu comme moi, qui ai fini par céder aux sirènes de la curiosité lors de mon quatrième voyage). Privilégiez en ce cas une jolie saison, comme le printemps ou l’automne. Si vous y allez l’hiver, profitez d’un lendemain de neige, par exemple, les paysages seront sublimés par la blancheur du manteau neigeux. Bref, essayez d’en tirer le meilleur parti.

Visiter Namiseom avec Trazy

Il est rare que j’utilise les services d’une agence pour visiter la Corée du Sud, mais Trazy proposait un combiné « Île de Nami – Jardin du Matin Calme », pour un prix très raisonnable (40€). Sachant qu’il n’est pas évident d’utiliser les transports en commun, j’ai pensé qu’il serait plus simple de passer par un tour organisé.

Et franchement, oui, c’était vraiment plus simple ! Nous avons été pris en charge à 8h du matin du côté de Myeongdong, à Séoul. J’ai pris peur en voyant le nombre de touristes et d’autocars, mais s’il y en a autant, c’est parce que l’agence propose différents combinés. Certains allaient aussi à Petite France, par exemple.

Le voyage d’1h30 a été plutôt agréable, même si un épais brouillard masquait la vue extérieure. Nous avons commencé notre visite par le Jardin du Matin Calme (cliquez sur le lien pour découvrir ce superbe endroit), puis nous sommes arrivés à Namiseom sur le coup de 13h.

Ceux qui voulaient aller sur l’île directement pouvait le faire, on nous avait donné l’heure du retour. Notre guide a proposé aux autres de déjeuner dans l’un des restaurants de la zone « portuaire », afin de goûter au Chuncheon Dakgalbi (sauté de poulet épicé), la spécialité de la région. Cela me convenait parfaitement !

Ensuite, nous étions libres de nos mouvements, pour environ 2h30 de promenade. Le retour s’est également très bien déroulé, nous étions à Séoul vers 19h.

Je recommande volontiers Trazy. D’ailleurs, j’ai utilisé leurs services pour me rendre également à Naejangsan, et là encore, tout s’est parfaitement déroulé. Je précise que j’ai payé de ma propre poche ces deux activités, je ne leur fait donc pas de publicité cachée 🙂

Vous pouvez télécharger la brochure en anglais (et son plan) en cliquant sur le bouton ci-après.

Comment se rendre sur l’île de Namiseom ?

En coréen : 남이섬
Adresse : 1024, Bukhangangbyeon-ro, Gapyeong-eup, Gapyeong-gun, Gyeonggi-do
Transports : le shuttle bus n’opère plus la liaison Séoul>Namiseom. Il faut donc prendre le métro, le plus simple étant d’emprunter la ligne ITX-Cheongchun depuis la gare de Yongsan. À la gare de Gapyeong, marcher pendant 20 min ou prendre un taxi.
Tarifs : adultes, 13 000 wons (env. 9,45€), seniors de + de 70 ans, collégiens et lycéens, 10 000 wons (env. 7,30€), enfants, 7 000 wons (env. 5€)
Site Internet (en coréen) : Naminara Republic


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