Aujourd’hui, nous fêtons le Jour de la Terre. C’est donc tout naturellement que j’ai envie de vous parler de Petite forêt, un très joli film coréen inspiré par la nature et le retour aux sources. Si les belles choses vous font vibrer, si vous aimez la bonne cuisine, saine et naturelle, alors Petite forêt devrait vous plaire. J’ai été conquise par la simplicité de l’histoire, par les personnages lumineux et surtout, par la beauté de la campagne coréenne. Suivez-moi, je vous emmène dans un joli coin de Corée du Sud, où la vie s’écoule de manière paisible au rythme des saisons.
Aux origines du film Petite forêt : l’adaptation d’un manga japonais
C’est en 2002 qu’un mangaka japonais, Igarashi Daisuke, publie le premier tome d’une histoire en deux volumes, autour d’une jeune femme qui revient sur ses terres natales après avoir subi plusieurs désillusions en ville. Il y dresse un portrait fidèle de la vie ordinaire dans les campagnes, rythmée par les saisons qui passent, les travaux à la ferme et dans les champs. Ce qui nourrit le lien entre les hommes et la nature, c’est ce que la terre donne chaque jour : de délicieux fruits et légumes, prétextes à de belles planches autour de la nourriture et des saveurs, et surtout, rappel constant de la valeur du travail et des bienfaits de la vie au grand air.
En 2017, la réalisatrice coréenne Yim Soon-Rye souhaite reprendre le manga pour en faire un film aux thèmes plus universels, plus proches également de ses propres questionnements : le fonctionnement de la société, le droit à la différence, la cuisine naturelle. Elle-même végétarienne depuis plus de 15 ans, l’alimentation est pour elle non seulement source de bien-être et de santé, mais aussi une véritable éthique. Mais contrairement au manga, elle ne veut pas délaisser l’histoire et ses personnages au profit d’une simple évocation du quotidien dans les campagnes. Elle leur redonne une vraie consistance et base son récit sur l’absence de la mère et le drame personnel de son héroïne.
Petite forêt, le film coréen
Son héroïne justement, c’est Hye-Won, interprétée par la lumineuse Kim Tae-Ri, découverte en 2016 dans Mademoiselle, le thriller érotico-psychologique du grand Park Chan-Wook. Hye-Won est une jeune femme sensible, abandonnée par sa mère à la veille de son entrée dans le monde des adultes et de son départ pour Séoul, où elle a décidé de se rendre pour tenter le concours d’enseignant.
Malheureusement, rien ne s’est passé comme prévu : elle a raté son concours, elle vit de petits boulots qui ne lui apportent aucune satisfaction, elle n’est plus en phase avec son petit ami. Elle quitte alors la ville, et reprend le chemin de sa terre natale. C’est l’hiver. Sait-elle pourquoi elle est revenue ? Il semble que non. Elle a simplement fui, refoulant un temps ses interrogations et ses problèmes, se concentrant sur sa survie : trouver de quoi se nourrir.
À l’hiver succède le printemps : il faut commencer à planter ces graines qui donneront de beaux fruits et légumes l’été venu. Hye-Won a retrouvé les siens : sa tante, ses deux amis d’enfance, avec lesquels elle passe des moments merveilleux. La chaleur, la pluie qui ruisselle, les fleurs jaunes de pissenlit, le coassement des grenouilles dans la rivière. Ce film est une ode merveilleuse à la nature, et chaque plan nous plongerait presque dans un état contemplatif. La vie est parfois triste, mais la vie est belle.
La cuisine est le miroir de l’âme.
La mère de Hye-Won
Et puis, il y a la cuisine. Hye-Won est très douée, elle tient ça de sa mère. Pour moi, la cuisine dans Petite forêt, c’est l’amour et le réconfort. L’amour inconditionnel d’une mère dont on ne sait pourquoi elle est partie, mais dont on devine les motivations. Le réconfort auprès de ceux qui vous sont proches, très proches même, comme ce beau garçon joué par Ryu Jun-Yeol, qui a choisi lui aussi de revenir à la terre après un séjour en ville. Je suis une grande admiratrice de Ryu Jun-Yeol, sa présence dans le film, c’est un peu la cerise sur le gâteau. Vous aurez faim après avoir vu le film. Très faim même !
Choisir sa vie
Notre héros assume totalement son retour à la campagne. Une de ses phrases m’a particulièrement marquée : « Ce métier me convient. Il n’y a ni arnaque, ni tricherie. Même si mon corps me fait mal, je ne suis pas stressé ».
Ça me parle. Ça parlera à beaucoup d’entre nous. C’est en cela que le film est universel. La société, coréenne ou pas d’ailleurs, nous met tous sous pression. Certains arrivent à réaliser leurs rêves, d’autres non. Mais même si le film a beaucoup attiré la jeunesse coréenne, il ne faut pas se faire d’illusions. Comme le rappelle la réalisatrice dans une interview, la vie rurale est très difficile en Corée, et l’industrie agricole instable. Il faut beaucoup de courage pour s’installer à la campagne et faire face à ces défis. La vie dans les grandes villes continue d’attirer les gens. Mais c’est important de savoir qu’on a le choix de ne pas subir si on ne le souhaite pas, si cela crée de la frustration et du stress. C’est l’un des messages du film : choisir et vivre sa vie, c’est avant tout se découvrir soi-même.
Le format livret + DVD
Le livret cartonné dans lequel se loge le DVD du film est très intéressant. En une vingtaine de pages, on peut en apprendre plus sur l’œuvre originale qui a motivé le film, le passage à la réalisation et les choix qui ont été faits pour adapter le scénario au monde coréen, les acteurs principaux, ainsi que des infos sur le tournage.
Si j’avais un seul regret à formuler, c’est de ne pas avoir une piste dédiée pour les sous-titres coréens. Les dialogues sont particulièrement adaptés pour les apprenants, simples et compréhensibles à la fois. J’aurais adoré pouvoir en profiter pour progresser dans cette jolie langue.
Pour finir, un aperçu de la bande-annonce qui, je l’espère, vous donnera envie de découvrir ce film charmant. Merci à la société de production Boréalia pour me l’avoir présenté.
Bon visionnage !
Fiche signalétique du film :
Titre français : Petite Forêt
Titre coréen : 리틀 포레스트 (Little forest)
Réalisation : Yim Soon-Rye
Acteurs principaux : Kim Tae-Ri, Ryu Jun-Yeol, Jin Ki-Joo, Moon So-Ri
Date de sortie : 2018
Durée : 103 minutes
Langue du DVD : coréen, sous-titres en français
Distribution en France : Borealia Films
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