Vivre la Corée, par Soo Kim

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Vivre la Corée paraîtra le 18 mars prochain chez Gallimard, dans la collection Voyage. C’est une collection récente, qui mêle beaux-livres et guides pratiques autour du voyage, des expériences à vivre et des belles destinations à découvrir. Après Vivre le Japon en 2019, cette édition est donc consacrée à notre cher pays, la Corée du Sud.

Les éditions Gallimard m’ont permis de découvrir cet ouvrage en avant-première, et je les en remercie. Je vais pouvoir vous le présenter plus en détail, et vous partager mon opinion. Première remarque : attention à ne pas confondre ce livre avec celui d’Anthony Dufour, paru en 2014 aux éditions Hikari, et qui porte le même nom.

Soo Kim, l’auteure de Vivre la Corée

Journaliste au magazine Newsweek, Soo Kim (김수) a été reporter et rédactrice des pages « Voyages » du Daily Telegraph entre 2010 et 2019. Elle a grandi aux États-Unis auprès de parents coréens, mais elle vit désormais à Londres.

De par son expérience de journaliste, l’auteure rend la lecture de Vivre la Corée particulièrement agréable. Le style est clair et précis, les données factuelles. Plus qu’un voyage, elle nous propose plutôt une immersion dans la vie quotidienne en Corée du Sud. Elle présente ainsi tous les aspects de la culture de son pays d’origine : histoire, géographie, politique, normes sociales, coutumes, destinations touristiques populaires, célébrités, délices culinaires, K-pop, K-beauty, etc.

Elle nous livre parfois quelques éléments intimes, notamment lorsqu’elle présente son grand-père Kim Jung-Yong, un révolutionnaire clandestin pendant la colonisation japonaise.

Les photos choisies sont très jolies, à la fois esthétiques et très réalistes : pas d’images trop retouchées qui en mettent plein la vue, mais de beaux paysages de Corée ou de simples moments du quotidien.

Crédits Photo : Éditions Gallimard

La Corée du Sud vue sous différents angles

L’ouvrage est scindé en sept chapitres et une courte introduction. Ils ont pour objectif de nous aider à mieux comprendre l’essence de l’identité coréenne. L’auteure commence donc par nous présenter des repères historiques essentiels, puis une présentation rapide du pays et de ses attractions touristiques, pour aborder ensuite le mode de vie et les traditions coréennes, sans oublier un passage par la gastronomie locale et ce qui fait le quotidien des Coréens aujourd’hui.

L’identité coréenne

La partie historique est un peu succincte, surtout quand il s’agit de présenter la Corée du Sud à l’époque moderne (à peine 3 pages). Mais on y retrouve les éléments principaux : le regroupement des différents royaumes, l’importance du confucianisme, le développement de la culture et des arts, l’occupation japonaise, la Guerre de Corée, et les débuts du mouvement démocratique dans les années 80. Cela permet de remettre du contexte pour mieux introduire les chapitres suivants.

Les parties qui me semblent les plus intéressantes sont celles consacrées à la culture coréenne. Tout d’abord, ce qui en forge l’identité, comme les valeurs familiales et le rôle des aînés, l’importance de l’éducation et de la réussite scolaire, le sentiment d’appartenance nationale. Puis la présentation du mode de vie et des traditions : les événements marquants en lien avec la cellule familiale (mariages, naissances, etc.), les loisirs, les relations sociales.

L’auteure détaille aussi les traditions culinaires et les habitudes alimentaires des Coréens : elle nous présente beaucoup de plats typiques du pays, depuis les incontournables jusqu’aux spécialités insolites, en passant par la fameuse street food coréenne.

La dernière partie du livre est consacrée à la culture moderne coréenne : le succès planétaire de la k-pop ou du cinéma, les nouvelles technologies, l’architecture, la k-fashion ou encore les cosmétiques et le bien-être. Là encore, les notions sont abordées de manière très succincte, il s’agit surtout de nous donner des repères pour mieux comprendre la société actuelle.

Mais dans l’ensemble, l’auteure réussit son pari de nous faire « vivre la Corée » : l’immersion dans le quotidien est totale, et elle nous guide parfaitement à travers toutes ces particularités qui font de la culture coréenne un monde à part.

Tourisme en Corée du Sud

La partie la moins réussie selon moi concerne la présentation touristique du pays, qui représente pourtant une quarantaine de pages. Pour l’auteure, dont on ressent ici clairement le point de vue anglo-saxon, Séoul se résume à trois quartiers branchés de la capitale : Gangnam, Hongdae, Itaewon ! Alors certes, elle aborde les palais historiques et les montagnes qui entourent la ville, mais dire que j’ai trouvé ça concis est un euphémisme. Ce qui m’a surtout gêné, ce sont ses approximations.

J’ai un peu failli m’étouffer en lisant que parmi les cinq sites historiques de Séoul inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO, on retrouvait la forteresse de Hwaseong (qui est à Suwon et non à Séoul !) et celle de Namhansanseong (« à la périphérie de la ville » !). Peut-être Soo Kim a-t-elle voulu synthétiser au maximum, mais on a surtout le sentiment qu’elle ne connaît pas bien les attractions touristiques de son pays. D’ailleurs, le reste de ce qu’il y a à voir en Corée se limiterait presque à Busan et à l’île de Jeju. Quelques pages présentent les provinces de Gangwon et de Jeolla, mais il faut reconnaître que c’est bref et peu détaillé.

Ce chapitre manqué ne doit pas pour autant invalider tous les autres autour de la culture, que j’ai vraiment trouvé intéressants. C’est juste que si vous cherchez un guide touristique, ce livre n’est pas fait pour vous.

Coquilles et système de transcription

Pour finir, je dois revenir sur deux choses qui m’ont un peu chagriné :

  • La présence de coquilles, et notamment une qui m’a sauté aux yeux : l’erreur manifeste sur la légende de la photo, en page 12, qui indique que la statue présentée est celle de Seongjong, 6e roi de la dynastie Koryô, alors que nous sommes manifestement en face de celle du Roi Sejong sur la grand-place Gwangwhamun à Séoul.
  • La transcription initiale qui est faite depuis l’anglais, et qui aurait mérité d’être adaptée à la romanisation officielle du coréen. Je trouve ça pénible de lire « noo uh suh dduck muck gee » en lieu et place de « nuwoseo tteok meokgi » (누워서 떡먹기). Et comme il y a beaucoup de transcriptions, au risque de passer pour une puriste, cet aspect m’a beaucoup gêné.

J’espère que les éditions Gallimard se chargeront de faire les corrections nécessaires, si jamais une deuxième édition devait voir le jour. Qu’elles n’hésitent pas à me contacter pour cela, je me ferai une joie de les aider à corriger tout ça !


Si je devais donner un avis global, je trouve que Vivre la Corée est un titre qui a sa place parmi les ouvrages sur la culture coréenne. Il présente tous les aspects les plus importants à connaître si l’on veut bien comprendre la vie quotidienne en Corée du Sud. Ce n’est pas un guide de voyage à emporter avec vous, mais une bonne introduction au mode de vie et aux coutumes locales. Idéal pour préparer son séjour sur place, qu’il soit de courte ou de longue durée.

Vivre la Corée
Soo Kim
Éditions Gallimard, 2021
ISBN 978-2-7424-6230-8
224 p., 25 euros

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